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6 - SLT TU CH KOI?

Dernière mise à jour : 3 mai 2021


Illustration @mehdi_ange_r (INSTAGRAM)

Après m’être replongé dans des souvenirs plutôt lointains, aujourd’hui j’ai envie d’aborder un sujet plus actuel de mon quotidien.

Je suis célibataire depuis quelque temps et forcément les applications de rencontres se révèlent être un outil très pratique si l’on veut se donner l’opportunité de croiser le futur homme de sa vie. Je ne suis pas très fan de ces outils tout simplement parce qu’une grande majorité des garçons qui y sont présents manquent cruellement d’esprit. Passons sur l’orthographe clairement approximative, la courtoisie inexistante, les photos qui ne laissent plus de place à l’imagination... Je discute beaucoup avec les personnes que je rencontre et c’est drôle parce que finalement, tous s’offusquent de ces comportements mais tous peuvent à un moment donné les pratiquer (ou presque tous).

Je fais souvent des breaks sur ces applis et je les supprime pendant quelques semaines car je les trouve énergivores et j’ai souvent l’impression d’y perdre mon temps.

Je me suis donc retrouvé sur les réseaux après avoir passé quatre ans avec un merveilleux garçon. J’avais découvert ces applications au tout début de leur existence et c’est incroyable à quel point les codes ont évolué entre temps. Je pense à Grindr notamment. Donner son âge, sa taille, son poids : ok. Mais maintenant on doit s’attribuer une tribu d’appartenance ? Mais c’est quoi ce bordel ? Loutre ? Coupe soignée ? Être gay n’est plus suffisamment éloquent maintenant il faut encore plus rentrer dans le détail ? Pardonnez-moi mais à force d’en dire trop, on n’a plus envie de découvrir l’autre. En soi, je fais donc l’impasse sur ces histoires de tribus.

Une nouvelle catégorie m’interpelle : on peut désormais afficher son statut sérologique et même préciser à quand remonte son dernier dépistage VIH lorsque l’on est séronégatif, ce qui n’est pas mon cas.

Je me suis posé cette question : « Dois-je le mentionner ? Est-ce que ça ne m’évitera pas finalement d’arrêter de me prendre la tête au cas où je rencontre quelqu’un de bien, et ainsi me focaliser sur la rencontre et non pas sur le moment où je vais devoir “briser” la magie ? » Car oui, on brise la magie quand on annonce à un date qu’on est séropo.

Et puis un jour je me suis dit : « Ok, je le mets. »

Évidemment j’aurais dû me douter des conséquences. Les conversations en cours avaient disparu. J’étais relativement sollicité avant et depuis la mise à jour du profil plus du tout et le peu de garçons qui me contactaient me proposaient des choses dont je ne parlerais pas ici. Bref, la sélection naturelle comme on dit.

Évidemment quand on est un garçon séronégatif et qu’on est sur ce genre d’appli, on s’y comporte un peu comme si on y faisait son marché et quand bien même on trouve qu’un garçon a une belle gueule, lorsque l’on voit “VIH POSITIF”, on zappe évidemment le profil. « Qu’est-ce que je vais m’emmerder à rencontrer un mec séropo alors que j’ai tellement d’autres profils de mecs “clean” ? ».

On en parle ou pas du mot “clean” ? Rien que là nous avons une belle illustration de ce qu’est la sérophobie dans la communauté gay.

Je vais sûrement en irriter beaucoup, mais au stade où j’en suis de liberté de parole, je n’ai pas grand-chose à perdre. Cette communauté - à laquelle je devrais me sentir appartenir, qui est censée prôner des valeurs de bienveillance, d’ouverture d’esprit, de liberté et d’amour - est certainement la plus sérophobe qui soit et la plus mal informée sur le VIH.

Un jour, un garçon est venu me parler en me disant : « T’as de la chance d’être beau, t’imagines si tu avais été moche et séropo ? ». Qu’est-ce que vous voulez répondre à ça ?

Pour ma part je crois qu’être séropo est souvent une bénédiction : ça vous nettoie d’un entourage stupide, ce qui est très pratique. Et puis viennent de façon ponctuelle des garçons qui vous parlent, qui sont séronégatifs et qui trouvent que vous avez un texte de profil cool, et votre photo de profil leur plaît. Là vous vous dites qu’il y a forcément un problème. Mais finalement non. Ça peut m’arriver à moi aussi, mais c’est rare. Si rare d’ailleurs que j’ai fini par supprimer mon statut en le laissant vide. Pour finalement quoi ? Me remettre dans des situations où je vais devoir l’annoncer ? Où je vais finalement presque espérer que ce garçon avec qui je vais boire un verre ne me plaira pas pour ne pas avoir à me confronter à sa déception et du coup à ma frustration ?

Mais il y a aussi la situation où vous en parlez et où tout se passe vraiment bien, sauf que vous avez tellement été conditionné au rejet que même lorsque tout va bien vous faites tout foirer.

Bref, la sérophobie, au-delà d’avoir un effet immédiat sur moi, sur nous, a aussi un effet plus pervers, sur le long terme : perte de confiance en soi, déshumanisation, repli sur soi, mutisme et j’en passe. Je ne sais toujours pas aujourd’hui s’il y a une “bonne formule” pour en parler et aborder le sujet via les applis. Je dirais que chaque cas est unique et qu’il suffit de faire confiance à son intuition. De toute façon au pire des cas, vous tomberez sur la mauvaise personne, et autant le découvrir rapidement plutôt que de perdre du temps.



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