top of page
  • Photo du rédacteurRemi

16 - Y'A QUE LES CONS QUI ...

Dernière mise à jour : 3 mai 2021


Illustration @mehdi_ange_r (INSTAGRAM)

Combien de fois ai-je recommencé ce récit ?

Deux mois de break d’écriture, voilà ce dont j’avais besoin pour apprécier les bienfaits de ma nouvelle vie où ma parole est devenue LIBRE.

Vous avez pu le constater, j’ai été très productif les premières semaines après le lancement du blog. Et grâce à l’écriture, du fait de vous avoir partagé ces étapes importantes de ma vie avec le VIH, je pense avoir très nettement avancé vers une acceptation totale. La honte du VIH est devenue fierté du chemin parcouru, de qui je suis devenu.

Ce silence vis-à-vis de l’écriture m’a terriblement angoissé aussi. Il n’y a pas eu un jour où je me suis demandé si j’allais avoir de nouvelles choses à raconter. Bien évidemment que oui, mais pour cela il faut aussi prendre le temps de vivre. De très belles choses sont en train de se passer dans ma vie personnelle. J’avais aussi envie de profiter de tout cela.

Durant ces quelques semaines de silence, j’ai pu découvrir à quel point le blog est vraiment nécessaire :

j’ai été interpellé dans un bar par un garçon sorti de nulle part et qui m’avait reconnu. Il est simplement venu me féliciter très gentiment. J’ai trouvé sa démarche particulièrement agréable.

La semaine dernière j’étais à Londres pour mon travail. Nous avons passé la soirée ensemble avec mes collègues et mon manageur. D’un coup, en plein « Cheers, guys! », mon boss me dit devant tou·te·s mes collègues : « Remi, est-ce que tu peux nous parler du JOURNAL POSITIF, parce que c’est en français, je ne comprends pas mais j’ai très envie de savoir. »

Je pense que je suis devenu rouge écarlate, non pas de honte, simplement parce que j’avais dormi deux heures la veille, que j’avais passé une journée crevante et que je ne m’attendais pas à devoir parler du blog en anglais avec mes homologues européen·ne·s.

Bref je me suis lancé. Plus personne ne m’a lâché du regard. J’ai vu leurs yeux émus aussi un peu et je l’étais moi-même. J’ai remarqué quelque chose d’assez éloquent pendant ce moment d’échange. Je travaille depuis des années avec des personnes de nationalités différentes et nous ne nous comprenons pas toujours. Mais là, il y a eu une vraie communion. Nos différences culturelles se sont complètement effacées.

Iels m’ont posé des questions pertinentes et m’ont surtout dit que je devrais faire traduire les textes. Premièrement, parce qu’iels avaient envie de me lire mais surtout pour fédérer un maximum de personnes. Pour elleux, l’action du blog est nécessaire et nous concerne tou·te·s. Je suis plutôt en phase avec cela.

Il y a eu donc ces moments-là, un peu hors du temps, mais aussi quelques aspects que j’apprécie moins.

Je ne suis plus très réseaux sociaux, mais je me sens obligé d’y être pour faire parler du blog. Sur Twitter notamment, je poste régulièrement des articles que j’aime bien sur le VIH et pour annoncer les nouveaux récits du JOURNAL POSITIF.

En toute honnêteté, j’envisage très régulièrement de supprimer mon compte. Je vois des choses qui apparaissent sur mon fil d’actus sans forcément le vouloir et je constate que c’est un outil capable du meilleur comme du pire. Mais pour ma part, je crois que me contenter de poster la promo du blog et relayer des infos que je trouve importantes restera l’utilisation que j’en ferai.

Je reçois pas mal de messages en privé de personnes qui me provoquent, de personnes qui m’interrogent et pas forcément dans la bienveillance. Parfois je poste des anecdotes, puis celles-ci ne m’appartiennent plus et d’un coup la communauté Twitter s’en empare. Le débat est impossible avec les réseaux sociaux. Les utilisateur·trice·s s’enflamment, bloquent à tout va dès que l’on est en désaccord avec elleux (avant même finalement d’avoir pu aller au bout d’un potentiel échange intéressant).

Bref, il y a un vrai manque d’ouverture d’esprit sur cet outil où l’ego semble prendre le dessus sur l’acceptation de l’autre.

Je vais évoquer une anecdote qui m’a, lorsqu'elle s’est produite, un peu choqué.

J’étais un “presque” anti-PrEP, probablement pour des raisons très personnelles que je préfère ne pas développer.

Mon raisonnement était le suivant : pourquoi prendre un médicament alors que d’autres options existent ? Notamment le préservatif. Je me disais aussi : ok, la PrEP protège du VIH, mais le reste ?

Et puis, un jour sur Twitter, un post pro-PrEP apparaît sur mon fil. J’ai eu le réflexe de commenter en précisant une info qui était donnée et annonçant que oui, celle-ci avait l’air efficace vis-à-vis du VIH, mais ne protégeait pas des autres IST et MST. Pour moi il ne s’agissait pas de décrédibiliser la PrEP, simplement de compléter un message que je trouvais beaucoup trop synthétique vue l’ampleur du sujet.

Et là, quel culot ai-je eu de me permettre d’intervenir, moi le séropo… (et c’est ainsi que l’on s’est adressé à moi) : « Comment TOI tu peux écrire cela ? ».

Je me suis senti obligé de me justifier alors que finalement j’aurais simplement dû m’abstenir. Au lieu de comprendre pourquoi j’avais réagi ainsi, la communauté Twitter m’a limite traité de collabo.

Ces personnes avaient deux options : m’expliquer calmement et me partager leur vision, ou être dans le jugement. Dans un premier temps, la deuxième option a été choisie. Au bout de quelques échanges j’ai lâché l’affaire car je sentais bien qu'ils étaient stériles.

Et puis, je suis allé me renseigner, j’ai essayé de comprendre pourquoi leur réaction avait été aussi passionnée. J’ai rencontré des garçons qui l’utilisent et j’ai posé des questions. Ces garçons m’ont répondu. J’ai lu des articles, des données, j’ai fait cet exercice de recherche parce que j’avais l’impression de manquer cruellement d’informations.

À mon sens, utiliser les réseaux sociaux pour dire en 280 caractères que la PrEP c’est bien, et que les gens qui pensent le contraire sont des criminels, n’est clairement pas constructif et contribuerait même à alimenter sa mauvaise réputation.

Après analyse, si je ne comprenais pas, c’était simplement que je n’en étais pas la cible et je ne l’aurais pas été même avant ma contamination.

Mais j’ai fini par entendre qu’elle était utile à d’autres que moi, et à finalement accepter qu’elle soit nécessaire.

Prendre la PrEP, c’est être responsable vis-à-vis de ses pratiques sexuelles et éliminer le risque de contamination VIH. Je vous mettrai à la fin du récit quelques liens que j’ai trouvés particulièrement instructifs.

Discuter, échanger, se confronter à des opinions différentes des nôtres, challenger ses croyances, sa zone de confort : voilà comment on peut accepter la différence et du coup se remettre en question.

Je n’ai aucun problème avec le fait de dire que j’ai pu être sceptique vis-à-vis de la PrEP. J’invite donc les personnes qui le sont à se renseigner plutôt que d’être dans le jugement. Parce que de toute évidence, c’est un sujet complexe et que pour en apprécier totalement le caractère révolutionnaire, il faut simplement s’informer.

Je vous invite à le faire ici :



184 vues1 commentaire

Posts récents

Voir tout

LE TEMPS

N’est-il pas venu le moment de faire un bilan ? Vous le savez, si vous me lisez depuis longtemps, que j’aime bien faire des points d’étapes. Quoi de mieux que de se saisir de cette fin d’année 2021 po

MERCI

bottom of page