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22 - VOUS AVEZ LE SIDA ?

Actualizado: 3 may 2021


Illustration @mehdi_ange_r (INSTAGRAM)

Je suis de retour !

Les vacances sont terminées pour moi depuis déjà quelques semaines. Je peux vous dire qu’elles ont filé à très grande vitesse et me paraissent déjà bien loin.

Je n’ai pas écrit pendant deux mois. Enfin presque pas mais je ne peux rien vous dire pour le moment sur le pourquoi du comment. Bref je n’ai pas écrit POUR LE BLOG depuis deux mois.

Les vacances ont été l’occasion de passer du temps en famille, de voir mes ami·e·s (beaucoup) et de me concentrer sur une chose : moi.

Je ne suis plus sûr de l’avoir abordé dans le dernier récit, mais j’ai commencé à voir une psychiatre/psychanalyste début juillet. J’avais pris rendez-vous un mois et demi auparavant après avoir eu une sorte de flash. Après trente-quatre ans à ruminer en solo ou avec mes ami·e·s, je m’autorisais enfin à pouvoir parler à quelqu’un d’autre. Mais pour ça il fallait dépasser la honte. La honte d’avoir besoin d’aide… Oui dans ma tête, “psy” équivalait à “faiblesse”, de façon inconsciente bien sûr. Mais il semblerait que je ne vois enfin plus les choses de cette façon.

J’appréhendais énormément ce premier rendez-vous qui finalement s’est passé plutôt naturellement. Mon médecin généraliste avait laissé un courrier pour la praticienne, que je lui ai transmis dès que je suis arrivé.

« Donc vous avez le SIDA. »

Je n’ai bien évidemment pas laissé passer en rectifiant tout de suite par : « Non, je suis séropositif. », me disant qu’il s’agissait d’une erreur de vocabulaire et que naturellement, comme j’avais pris soin de la reprendre, elle en tiendrait compte.

Par contre, en y repensant, quelle était la nécessité de préciser dans le courrier mon statut sérologique, sachant que les raisons qui m’emmenaient à consulter une psy sont toutes autres ? Je m’interroge encore.

Une sacrée punch line a été lâché à la toute fin de cette première séance, et depuis cette phrase résonne encore : « Ce que je comprends dans ce que vous me dites, c’est que vous vous inquiétez toujours de savoir si vous allez plaire, si vous allez satisfaire les autres, les collègues, la famille, les ami·e·s parfois, votre compagnon (quand il y en a un). Aussi, plutôt que de vous inquiéter de plaire aux autres, demandez-vous si les autres vous plaisent à vous. »

D’une simplicité effarante n’est-ce pas ? Et a priori pas si évident à mettre en place puisque cette phrase m’a percuté comme si c’était la première fois que je considérais le fait d’avoir potentiellement le choix. Forcément cela a tout de suite fait écho avec ma vie amoureuse et il est clair, très clair, que si je m’étais questionné sur le sujet je n’aurais pas été en couple très souvent.

Je me dis que je suis privilégié et que ma quête de “vivre mieux avec moi” est très égocentrique. Mais en même temps je sens que je n’ai plus vraiment d’autres choix que de devoir passer par cette étape. Les autres, le regard des autres, à tous les niveaux ne remplissent nullement les trous béants que j’ai l’impression d’avoir en moi. Si la réponse n’est pas les autres, elle ne peut être que moi.

Pour la seconde séance, une semaine plus tard chez la psy, un petit incident m’a fortement heurté. Au moment où elle a inséré ma carte vitale, la petite fenêtre ALD (Affection Longue Durée) s’est ouverte.

« Vous avez une ALD ? »

Moi silencieux, avec le sentiment de devoir expliquer à nouveau un fait qui pour moi était acquis.

« Ah oui c’est vrai, vous avez le SIDA. »

Je réponds instantanément : « Non, je suis séropositif. »

Pas de suite à mon commentaire. Par contre la séance a été très pénible pour moi. Vingt minutes de vide. Vingt minutes à meubler. Clairement le climat ne me convenait pas et je pense que cela a été ressenti par ma psy qui a mis relativement vite un terme à notre entretien.

En rentrant j’ai ruminé, j’ai textoté, j’ai twitté. Je n’étais pas du tout ravi de cette faute de vocabulaire, probablement due à un manque de connaissance.

Avec un peu de recul (et quelques conseils) deux options se sont offertes à moi : changer de psy et essayer d’en trouver un·e peut-être plus informé·e sur le sujet afin d’éviter l’emploi de termes stigmatisants, clairement mal venus dans ce que l’on voudrait être un espace sécurisant.

Ou alors lui en parler lors de ma prochaine séance afin d’expliquer pourquoi le mot SIDA n’est pas adapté et pourquoi il est important que je le dise.

Beaucoup de personnes m’ont conseillé de fuir mais je n’en avais pas envie. Avec un peu de spontanéité j’ai réussi à lui en parler très simplement et s’en est suivi un long échange sur toute la thématique. Je suis très fier d’avoir osé dire que j’avais été heurté par sa “maladresse”.

Un “moi” pas si ancien que ça aurait fait le dos rond et n’aurait rien exprimé, pensant que ça passerait avec le temps. Je n’avais pas envie de ça. J’avais envie d’une vraie relation de confiance et surtout d’évacuer au plus vite. À quoi bon entamer un travail avec un·e psy sinon ?

Ce qui est intéressant après coup c’est que je me suis demandé si elle ne l’avait pas fait exprès pour me provoquer, pour voir comment je réagirais et si j’oserais lui en parler. Ce n’est peut-être pas le cas mais elle m’a tout de même offert l’opportunité de prendre la parole et je suis sorti très satisfait du choix que j’avais fait.

Je ne compte pas détailler ici toutes les étapes de ma thérapie, mais je trouvais intéressant de partager cette anecdote car si j’avais suivi mon premier sentiment, je ne serais plus jamais retourné la voir et j’aurais probablement vécu tout cela comme un échec. Il faut croire que parfois prendre le temps “d’éduquer” les autres a du sens. Encore faut-il que ces autres soient réceptif·tive·s. Ce qui n’est pas toujours le cas…

Il y a une véritable différence entre être porteur du VIH et avoir le SIDA.

Je vous mets un lien qui explique brièvement cette différence.




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